L’expatriation : un voyage initiatique à la rencontre de soi-même

Partir en expatriation n’est pas un long fleuve tranquille. L’aventure est jalonnée d’incroyables moments d’euphorie et d’allégresse mais aussi de quelques moments de doutes et de questionnements. Questionnements sur soi-même, les autres, notre rôle de parents, nos envies, nos besoins, le sens que l’on veut donner à notre vie…

Il faut dire qu’une expatriation offre de vraies périodes de solitude, propices à une introspection. Lorsqu’elle est choisie, comme lors d’une retraite méditative par exemple, cette solitude est une vraie opportunité de se découvrir soi-même et de laisser la possibilité à toutes nos ressources ignorées de s’épanouir.  Malheureusement, lorsqu’elle est subie, elle s’accompagne trop souvent de tristesse et de spleen. Ne pouvoir interagir et échanger avec d’autres personnes nous enferme dans une prison où nous perdons petit à petit confiance en nous et en les autres. Cet isolement, souvent lié à la barrière de la langue et au fait de ne connaître personne dans le pays, est une des plus grandes difficultés de l’expatriation. Mais ce sujet n’a pas sa place ici et fera l’objet d’un autre post.

Ici, il s’agit de comprendre en quoi le fait de se lancer dans une expatriation, tout quitter pour repartir de zéro nous fait nous confronter avec nos peurs et nous pousse à trouver les limites de nos ressources. Et justement, il me semble qu’une expatriation est l’occasion de repousser nos limites et de réaliser tout ce dont nous sommes capables et dont nous ne nous doutions même pas.

Pourtant, si l’expatriation nous dévoile nos ressources et limites insoupçonnées, elle devrait logiquement décupler notre confiance en nous. Or il me semble que ce n’est pas toujours le cas et qu’elle peut au contraire, la mettre à rude épreuve, notre confiance. En effet, notre confiance est sans cesse écrasée sous le poids des challenges à relever et des questions qui se posent : est-ce que je vais y arriver ? M’intégrer ? Me faire des amis ? Trouver un travail ? M’habituer à la météo ou aux différences culturelles ? Apprendre la langue ?  D’ailleurs, ne pas pouvoir s’exprimer comme nous le souhaitons, et faire sans cesse répéter peut être perçu comme une humiliation. Et là, c’est sûr, notre confiance en prend un sale coup. Et quel courage il faut pour y retourner à nouveau, résister à l’envie de s’enfermer chez nous voire de tout lâcher. Là aussi, nous testons nos limites.

Mais repartir à zéro, dans un nouvel environnement, avec de nouvelles amitiés naissantes, peut aussi être une formidable opportunité de s’autoriser à être différent de ce que l’on était précédemment. Pas fondamentalement différent bien-sûr mais n’est-il pas plus facile de faire des ajustements dans notre personnalité, nos goûts et nos envies dans un cadre totalement neuf ? Avec personne qui nous connaissait précédemment et qui pourrait s’étonner de nous voir évoluer ? Quelle liberté ! Quel luxe ! Une page neuve à réécrire.

De même, découvrir un nouveau pays, de nouvelles traditions et modes de vie nous questionne forcément sur le quotidien et les habitudes de notre ancienne vie. En voyant qu’il est possible de faire autrement, comment ne pas résister à l’envie d’enrichir notre vie future de ces nouveaux enseignements ? Et de combiner le meilleur de nos expériences, vécues avant et pendant l’expatriation afin d’envisager un avenir plus riche, et qui nous ressemblera finalement sûrement plus. D’ailleurs, l’expatriation, lorsqu’elle est temporaire (2 ans, 5 ans, 10 ans ou que sais-je) représente vraiment un break dans nos vies et une merveilleuse transition vers une nouvelle vie future.

Si l’expatriation nous place face à nous-mêmes, elle nous enrichit également en tant que parents. Elle resserre inéluctablement les liens de la cellule familiale, isolée et sans repaires dans ce nouveau pays. Et que de moments privilégiés vécus en famille ! Quelle formidable opportunité d’apprendre à connaître nos enfants, leurs moteurs de vie, ce qui les fait avancer, ou parfois reculer. Je dirai que cette connaissance et la relation créée avec nos enfants est encore plus forte lorsque, comme moi, nous faisons l’école à la maison. Nous découvrons les incroyables capacités d’adaptation de nos têtes blondes, mais aussi leurs limites. C’est sûr, on ne rentre pas d’une expatriation en étant le même parent qu’auparavant.

Pas exactement le même parent, pas exactement la même personne, de nouvelles envies…, pas de doute, une expatriation est bel et bien un voyage intiatique. Et quel voyage !

Enfin, je dirai qu’une période d’expatriation est également un bon moyen de placer les choses en perspective, de faire « du tri » dans notre vie passée ou au contraire de réaliser l’importance de ce que nous venons de laisser derrière nous. Avec le temps, la distance, il est intéressant de voir comment certaines soi-disants amitiés ou liens familiaux se distandent tandis que d’autres se renforcent considérablement. Et petit à petit, le manque de ces quelques personnes, les meilleures d’entre toutes, se fait cruellement ressentir et quelle envie nous avons de passer une soirée conviviale, à échanger en français (!) avec les copains. Et même si ça fait un peu cliché, c’est aussi l’occasion de se rendre compte des beautés de la France, de la richesse de la gastronomie et de ses paysages et d’avoir envie de faire découvrir ces trésors à nos enfants, pour qu’ils soient fiers de leur patrie.

Alors oui, après l’expatriation, s’ouvrira bel et bien une nouvelle tranche de vie, en France cette fois-ci.

 

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2 thoughts on “L’expatriation : un voyage initiatique à la rencontre de soi-même

    • 14 juillet 2020 at 15 h 40 min
      Permalink

      Merci beaucoup !
      Catherine – L’élan blanc

      Reply

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